L’Association confraternelle de la presse judiciaire s’indigne des conditions dans lesquelles une journaliste du Maine Libre a été entendue en « audition libre » dans les locaux de la gendarmerie de La Flèche (Sarthe). Auteure d’un article précis et informé le 5 mars, sur une affaire criminelle locale à l’instruction, son rédacteur en chef lui a signifié une convocation à la gendarmerie et l’y a accompagnée le vendredi 11 mars. Sans transmettre aucun document. Entendue par un agent de police judiciaire qui lui a remis à l’arrivée seulement le document de convocation, et lui a indiqué qu’une plainte en diffamation liée à l’article en était la cause, elle a dû refuser à trois reprises de répondre à des questions sur l’origine de ses informations, opposant à son interlocuteur le secret des sources journalistiques. Mais le gendarme lui a alors posé des questions très personnelles, préjugeant qu’elle aurait à payer plus tard des dommages et intérêts : sa pointure, la couleur de ses yeux et de ses cheveux, l’assurance de sa maison et de son véhicule, les personnes à charge, le montant de son loyer et de son salaire… Pour finir, elle a dû accepter la prise d’empreintes des dix doigts et des paumes, et de photos anthropométriques, face, profil, ¾, présentée comme une obligation puisqu’il s’agissait d’un délit. Elle n’a à ce jour jamais vu la plainte prétendument déposée. L’avocat du journal a écrit au procureur du Mans pour protester et obtenu la promesse de la destruction des « mesures de fichage plus qu’inopportunes ». Les circonstances de cette audition sont pour l’Association de la presse judiciaire, inacceptables et scandaleuses. Rappelons que lorsqu’un journal fait l’objet de poursuites judiciaires c’est le directeur de la publication qui est mis en cause (à moins que le journaliste soit aussi nommément cité) ; que toute convocation est obligatoirement une procédure écrite transmise par courrier et/ou huissier ; que lors d’une audition, même « libre », il est normal et prudent de se faire accompagner d’un avocat.