Le droit au secret des sources semble malheureusement une notion juridique étrangère à quelques juges français en dépit des arrêts clairs et constants de la Cour européenne des droits de l’Homme. Le Monde révèle ce lundi 9 septembre 2013 qu’un de ses journalistes a été placé sur écoutes en 2009 pour un article publié en… 2006. Pendant un mois, la police a enregistré les conversations de ce journaliste, 490 au total, afin de chercher, en vain, la source qui l’avait informé trois ans plus tôt. Aucun “impératif prépondérant d’intérêt public”, selon l’expression de la CEDH, ne pouvait justifier une telle mesure. Cette affaire illustre une fois de plus l’urgente nécessité d’une véritable loi sur la protection des sources journalistiques. Le projet de loi présenté par le ministère de la Justice ne comble en rien les lacunes de la loi de janvier 2010 qu’il est censé remplacer. Le secret des sources n’est pas un simple privilège des journalistes, mais la garantie pour nos informateurs de pouvoir s’exprimer sans crainte sur des questions d’intérêt général. Comme le rappelle la CEDH, le secret des sources est “un véritable attribut du droit à l’information, à traiter avec la plus grande circonspection”. N’en déplaise à certains magistrats et policiers.